Les Royales Marionnettes present:

Loup-y-es-tu?

Spectacle de rue, ... idéal aussi en salle

PRODUCTION EN COURS -> ETE 2025

45'

Jauge de 180 à 300 personnes

Un nouveau maïeur a été élu à l’unanimité. Il a juré, promis, craché : « Plus de Grand-Méchant-loup chez nous ! » Résultat ? Il a interdit l’accès au bois et armé le chasseur d’un bazooka. Rien que ça !

Tout le monde se sent hors de danger et tant pis si pour mettre le nez dehors, il faut montrer son passeport.

La fillette au capuchon rouge commence à râler : « Comment je fais pour aller voir mère-grand sans me faire épingler ? Elle n’a ni Wi-Fi, ni réseau, juste son vieux poste radio ! Et puis ce Grand-Méchant-Loup, qui l’a déjà croisé ?

Le spectacle à mi-chemin entre fable moderne et conte burlesque, dépeint avec subtilité la manière dont certains « seigneurs » prennent le pouvoir en utilisant nos peurs collectives.

Le conte du Petit Chaperon Rouge revisité!

PRODUCTION EN COURS -> ETE 2025

Casting, creation

Around

Marion Balsaux
diffusion@lesroyalesmarionnettes.be
(0032)479 54 00 16

Professional area

Performance dates

From 07.04
To 20.04.2025

LE CARROI

Espace Montréal BP 40028

FR 72200 LA FLECHE

RESIDENCE

All day

Note of intent

Ignorons les directives du loup adressées au Petit Chaperon Rouge en n’y allant pas par quatre chemins et, comme Mère-Grand, ne plongeons pas dans le pot de confiture avec le dos de la cuillère : C’est ma peur mêlée à de la colère qui m’a conduit à écrire ce spectacle.
Rassurez-vous : une peur rationnelle et une colère maîtrisée qui m’ont pourtant saisi à la gorge le 10 juin 2024, très exactement ! C’était le lendemain des élections fédérales et européennes en Belgique. Comme, je l’espère, de nombreux citoyens, j’ai constaté avec effroi les scores réalisés par les partis d’extrême droite, conséquences d’une normalisation progressive de leurs théories immondes, observable au sein même de certains courants politiques dits « traditionnels » ou dans le traitement de l’information par certains médias. L’apparition de nouvelles dénominations telles que « Parti postfasciste » ou « droite extrême » me faisait l’effet d’une vaseline appliquée avec douceur pour nous faire passer une nouvelle fois une grenade déguisée en suppositoire.
Étant donné que je ne peux pas détourner le regard, que mon intention artistique ne peut pas être déconnectée du politique et de la cité et que seule l’activité soulage ma peine, je me suis questionné sur ma responsabilité d’artiste face à cette tendance mondiale au repli sur soi.
Les mots de Marcel Hicter, un des pères de l’idée de démocratie culturelle en Belgique aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, ont résonné en moi avec gravité : « La culture comme outil d’éducation à la démocratie ».
Où avais-je contribué à foirer le projet ? Mon cerveau est devenu une piste d’auto- tamponneuses où les événements et les images se percutaient : les récits de mon prédécesseur et fondateur de la compagnie qui jouait ses spectacles de marionnettes dans les abris pendant la Seconde Guerre mondiale ; ma collègue palestinienne avec qui je travaille depuis six ans et qui continue, malgré les événements, à mener des activités culturelles pour offrir d’autres perspectives de lutte que la violence ; mes anciens spectacles de rue parfois chargés de provocations à l’égard des idées d’extrême droite et, au bout du chemin : la peste !
Comment trouver le sommeil, comment préserver ma santé mentale sans excès de responsabilité ni d’impuissance, comment prémunir mes enfants, comment jouir ? Bon sang qu’il est bon de jouir, mais jouir du sens que l’on donne à sa vie c’est extatique...
En réinterrogeant mes études d’éducateur spécialisé, je me suis rappelé qu’il était plus opérant de faire naître des idées dans l’esprit du public plutôt que d’essayer de les lui enfoncer dans le crâne à coups d’images choc.
Il s’agirait donc d’écrire un spectacle en m’accordant plus de compréhension à l’égard de ces citoyens, désenchantés pour les uns, oubliés pour les autres, qui choisissent de voter pour des candidats aux solutions incendiaires. Commencer par admettre que l’urgence dans laquelle se trouvent certains est attisée sous forme de peur par les escrocs du pouvoir, prometteurs de solutions immédiates et magiques : chassez l’ennemi désigné et, demain, plus de terrorisme, plus de chômage, plus de déficit budgétaire, plus de pénurie de logements, plus d’insécurité, plus de perte d’identité, ...
Quoi de plus commun pour un auteur que de travailler le méchant de son histoire en s’inspirant des critères de tout bon dictateur qui se respecte : suffisamment monstrueux pour qu’on n’ait aucune pitié pour lui, et omnipotent pour qu’on puisse lui attribuer toutes les causes de nos malheurs.
Je commençais à y voir clair : un village, une micro-société orwellienne, fondée sur la méfiance, la peur, le contrôle social, les caméras de surveillance, les voisins vigilants qui ne se parlent pourtant plus, la répression, le réarmement, les murs, la doctrine selon laquelle l’homme est un loup pour l’homme, qu’il vaut mieux manger que d’être mangé. Un bourg dirigé par un maïeur animé par la citation du cinéaste John Carpenter : « L'émotion humaine la plus puissante est la peur. C'est l'essence de tout bon thriller que de pouvoir faire croire au Grand Méchant Loup pour un instant. »
L’idée avait germé.
Pour la faire fructifier totalement, dramaturgiquement et « Royales-Marionnettiquement », il me fallait tisser tous ces fils tendus autour d’un enjeu contemporain fort : le risque de perdre sa liberté, et son corollaire : la peur infondée du monstre agitée par un « sauveur » autoproclamé.
Un conte à revisiter s’est immédiatement imposé : Une fillette ne pouvant plus visiter sa Mère-Grand, parce qu’une rumeur répandue par celui qu’on avait nouvellement élu parlait d’un Grand Méchant Loup. Une gamine curieuse, intelligente et ne croyant plus aux croquemitaines. Une héroïne portant mon espoir de ne pas nous voir sombrer dans des croyances infondées et alimentées par des informations invérifiables, contrôlées par les algorithmes et les « ingénieurs du chaos ».
Amal, ou « Espoir » en arabe, est mon Petit Chaperon Rouge ; elle s’adresse avec tendresse et pertinence aux habitants de son village pour les convaincre qu’on les trompe.
Et voilà... Me voici avec un spectacle entre les mains. Un conte plein de tendresse et de drôlerie adressé aux familles. Un clin d’œil où la peur du croquemitaine habituellement agitée par les adultes leur est renvoyée par une gamine. Un spectacle sur les routes, une petite graine plantée pour faire rire de nos peurs et de ce qu’elles engendrent. Je continue de faire ma part comme un jardinier. Je retrouve le sommeil un temps, longtemps j’espère. Aussi longtemps que dureront les jours où j’irai contempler le fruit de l’arbre que j’ai planté.
« Grand Méchant Loup » : vocable choisi pour ne pas nier l’existence de criminels toutefois moins présents dans la vie de tout un chacun que ce « qu’ils » essayent de nous faire croire et pour rappeler qu’un individu hors-la-loi, inadapté ou différent, n’est pas un monstre pour autant.

Le 4 novembre 2024, Didier Balsaux.